Une réunion sur l’Yvette face au changement climatique avec des intervenants de haute volée était proposée aux habitants de la vallée de Chevreuse (Yvelines) le mardi 27 mai 2025, à Saint-Rémy-les-Chevreuse. Dont une sommité dans son domaine, la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, co-présidente d’un groupe de travail du GIEC pendant 8 ans, qui a étayé par des chiffres le réchauffement climatique et ses nombreuses conséquences, dont les inondations.
« Des pluies extrêmes qui étaient des événements rares deviennent de plus en plus fréquentes. Il y en aura 10 % de plus en 2050 et 20 % d’ici à 2100. Dans le même temps, l’Île-de-France subira des sécheresses et deviendra un territoire de feu. »
« Les précipitations seront plus rapprochées, plus courtes et plus concentrées », abonde Pascal Maugis, chercheur en hydrologie, usages de l’eau et changement climatique.
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« Mieux se préparer aux risques »
Résultat, l’aléa change et on ne peut plus se fier au passé. Il faut s’adapter et ne pas refaire à l’identique.
« L’idée n’est pas d’être anxiogène. La recherche se poursuit. Peu à peu, il va falloir que les connaissances soient intégrées au PLU, aux PPRI, aux schémas des entreprises et des particuliers afin de mieux se préparer aux risques. La science permet d’éclairer les choix à faire dans la stratégie d’adaptation », ajoute Valérie Masson-Delmotte.
Car une chose est sûre : « On n’arrête pas une inondation, il faut apprendre à vivre avec », insiste Eric Daniel Lacombe, architecte urbaniste, qui représente en ce moment à la France à la Biennale d’architecture de Venise.
Quelques chiffres
Lors de cette conférence, la paléoclimatologue, Valérie Masson-Delmotte, a donné quelques chiffres parlants :
Sur les dix dernières années, le réchauffement est en moyenne de 1,2° dont 1,23° sont attribués aux activités humaines.
L’une des trajectoires probables est un réchauffement de 2° en 2050 et 3° en 2100 à l’échelle mondiale.
En France, ce serait 2,7° en 2025 et 4° en 2100
Les dégâts ont coûté aux assureurs : 785 millions d’euros pour Kirk et Leslie, 430 millions d’euros dans le Pas-de-Calais et 1 milliard d’euros à Mayotte et à la Réunion.
Une question de solidarité
« Il est important de connaître le risque pour savoir comment réagir et apprendre à vivre en villes inondées. C’est la solidarité entre voisins, quartiers et villes qui permettra de gérer au mieux », souligne Pascal Maugis, chercheur en hydrologie.
Même son de cloche du côté de Fabrice Poline, représentant de la réserve citoyenne de Longjumeau, ville en bord d’Yvette frappée de plein fouet par les inondations : « À chaque inondation, tout le monde se renvoie la balle pour trouver un fautif. Il faut passer du triangle de l’inaction à l’action en faisant en sorte que chercheurs, citoyens, collectivités et État travaillent ensemble. »
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Des causes multifactorielles dont l’urbanisation
Réchauffement climatique, mais également le ruissellement agricole ainsi que les autres formes de ruissellement (nappes, coteaux), tout comme l’urbanisme… les inondations sont dues à de multiples facteurs.
Dans la salle comble, de nombreuses personnes du public ont ciblé l’urbanisation galopante de la vallée depuis des décennies. Et de s’interroger sur la mise en place d’un PPRI (Plan de Prévention des risques d’Inondation).
Ce plan, réalisé sous l’égide de la préfecture, a pour objectif de réglementer le développement de l’urbanisation dans les zones à risque. Annexé aux PLU, il devient imposable. Par exemple, il peut interdire les nouvelles constructions dans des secteurs à aléa.
Le sous-préfet de l’arrondissement de Rambouillet, Nicolas Ventre, a indiqué que le PPRI était en cours d’élaboration. « Un processus long de 3 à 5 ans, puisqu’après les études vient la phase des concertations avant l’enquête publique. Actuellement, les études hydrauliques et les modélisations de hauteur et de vitesse sont en cours. »
« Une fois que les études seront achevées, avant l’application du PPRI, on pourra porter à connaissance des communes les résultats afin qu’elles puissent prendre leurs décisions d’autoriser ou non les permis de construire. »
De son côté, Sandrine Gelot, le maire de Longjumeau (Essonne), ville frappée de plein fouet par les inondations en octobre, ne peut que constater les dangers que peut engendrer la pression immobilière. « Je me bats avec les promoteurs pour que les logements en rez-de-chaussée ne soient pas habités. Pour ma part, je refuse d’attribuer au nom de la Ville des logements sociaux qui se trouvent en rez-de-chaussée. Face aux changements qui arrivent, il faut retrouver du bon sens. Les anciens savaient. S’ils s’installaient en bord de rivière, ils surélevaient leurs maisons. »
Urbanisme : ne pas refaire à l’identique
« Pour rendre moins vulnérables les villes de demain, il y a des choses à faire, insiste Éric-Daniel Lacombe, professeur titulaire de la chaire Nouvelles urbanités face aux risques naturels, à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette. D’autant qu’en vallée de Chevreuse, comparé à d’autres territoires, la situation n’est pas catastrophique. »
Ce qui n’empêche qu’il faut trouver d’autres modèles pour les années à venir. Notamment au niveau des matériaux.
« Il faut abandonner le béton et le ciment, l’idée, c’est de laisser rentrer l’eau qui arrive par le sol et qui repartira par le même moyen. Ce qu’il faut aujourd’hui, ce sont des maisons poreuses, perméables et qui sèchent vite. »
Autre idée : la surélévation des habitations ou encore un escalier extérieur pour remonter réfrigérateur, cuisinière… lorsque l’alerte est donnée.
Plus globalement, l’architecte estime « qu’il y a des endroits où l’urbanisation va reculer. Mais si on désimperméabilise, quelles priorités pour éviter de gâcher l’argent public ? Il y a un ratio à faire entre ce que ça coûte et ce que ça protège, il faudra donc faire des choix. »
Prévention : les jardins, zones d’expansion de crue
En vallée de Chevreuse, la Gemapi (Gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations) a été déléguée par la communauté de communes de la haute vallée de Chevreuse au Siahvy. Quant à la problématique du ruissellement, c’est le Parc naturel régional qui en a la charge.
Dominique Bavoil, maire de Saint-Rémy-lès-Chevreuse et vice-président du Siahvy, a expliqué que de nombreux aménagements ont été réalisés « par le biais d’un programme pluriannuel d’investissements qui demande beaucoup d’argent public. Si aujourd’hui, on ne construit plus de bassins de rétention, d’autres aménagements sont faits pour libérer la rivière : zones d’expansion de crue, mares tampons, création de fossés.. »
« Le consensus se fait autour de l’idée de ne plus canaliser l’eau mais laisser la place à l’écoulement et à la régulation naturelle. Les jardins pourraient servir de zones d’expansion de crue. Chacun amènerait sa pierre à l’édifice pour atténuer les inondations. »
Et de regretter en parallèle les lourdeurs administratives : « On peut avoir des années de procédure pour un aménagement qui nécessite 6 mois de travaux, ce n’est plus acceptable. Il faut accélérer le processus. »
Le Siahvy a également en charge l’élaboration du PAPI (Programme d’actions de prévention des inondations) Orge-Yvette qui sera opérationnel fin 2026. « L’important, c’est de travailler sur les vulnérabilités. »
Des mesures concrètes pour les sinistrés
Pour réduire le risque inondation sur le territoire, le Siahvy lance un dispositif pilote, en amont des actions qui seront prévues au PAPI (Programme d’Action de Prévention des Inondations) Orge-Yvette dès 2026. Il propose, sous réserve d’éligibilité, de procéder à un diagnostic vulnérabilité d’un bien (habitation, commerce, entreprise), permettant d’identifier tous ses points vulnérables en cas d’inondation. Cette analyse permet de cibler les travaux et aménagements les mieux adaptés à ce bien, et de proposer une hiérarchie d’actions à opérer pour protéger au mieux la construction et son fonctionnement en cas de crise.
Par ailleurs, les villes de Saint-Rémy-lès-Chevreuse et Chevreuse ont mis en place des aides financières pour permettre à leurs administrés de s’équiper afin de rendre leurs habitations plus résilientes, comme des batardeaux par exemple. Ces aides s’élèvent à un certain pourcentage dans la limite d’un plafond.
Création d’une réserve citoyenne
Le maire de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, Dominique Bavoil, a annoncé la création d’une réserve citoyenne dans sa commune à la rentrée, un outil de mobilisation civique faisant appel à la solidarité des citoyens.
Concrètement, il s’agit de former un groupe de citoyens bénévoles qui apporte son aide en participant au soutien et à l’assistance de la population en cas de crise, comme les inondations. Fabrice Poline, de la réserve citoyenne de Longjumeau, a témoigné de son rôle : mettre les habitants en sécurité et identifier les besoins (vêtements, nourriture…).
Et de donner quelques conseils pratiques en cas d’inondation : avoir un réchaud et des conserves pour deux ou trois jours afin de ne pas dépendre du réfrigérateur, faire l’acquisition de chargeur solaire portable pour pouvoir recharger son téléphone, des talkies-walkies pour communiquer, une radio à pile ou encore une radio à pile pour s’informer.
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