Le passé vient de ressurgir de la terre du bois de la Charmoie, à La Boissière-École, dans le sud des Yvelines. La montre de l’officier canadien qui pilotait un bombardier Avro Lancaster abattu dans la nuit du 2 au 3 juin 1944 au-dessus de la commune a été retrouvée presque quatre-vingts ans après le crash mortel.
George Edwin Coldrey, âgé de 28 ans, participait alors à une mission de destruction de lignes de chemin de fer préparatoire au Débarquement du 6 juin. Il s’apprêtait à rentrer à sa base quand il a été epéré par l’ennemi allemand. Le soldat canadien sera enterré dans les jours suivants au cimetière communal en compagnie de David Austin Kelley, son mécanicien. L’histoire aurait pu s’arrêter là…
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Retrouvée par un promeneur et oubliée pendant quatre ans
En 2021, un habitant du village se gare près de la stèle érigée en l’honneur de l’équipage canadien et se promène dans le bois de la Charmoie. Il distingue alors, mêlé à la terre, un objet, qui brille un peu. Il le ramasse. C’est le cadran d’une montre. L’arrière est gravé. On peut y lire : Coldrey.
De retour chez lui, ne sachant qu’en faire, il dépose sa découverte dans un tiroir. Elle y passera quatre ans. Jusqu’au jour où Fabrice Drouin, passionné d’histoire locale et à l’initiative de la création en 2006 de la stèle rendant hommage à l’équipage du Lancaster, ne reçoive un drôle d’appel téléphonique.
Restituer la montre à la famille
L’intéressé, dit Charlie, avait fait apposer une plaque sur la stèle avec ses coordonnées, afin de continuer à faire vivre l’histoire des aviateurs canadiens.
« Un jour, quelqu’un du village m’appelle et me dit que son fils est ami avec quelqu’un qui aurait trouvé une montre d’aviateur. »
Un appel un peu surprenant dont il est encore compliqué à ce moment-là de saisir tout de suite l’enjeu. Fabrice Drouin veut en savoir plus et remonte donc le fil. Il finit par rencontrer l’auteur de la trouvaille.
Le promeneur de 2021 était entre-temps revenu au bois de la Charmoie et avait cette fois aperçu la plaque avec les coordonnées de Fabrice Drouin. « Il est venu ici pour me céder la montre. Il a envie que cela vive. Cette découverte est très émouvante pour lui. »
Deux Yvelinois mènent l’enquête
Le crash de juin 1944 passionne aussi Émilie Simon, une habitante du village. Cette dernière a contacté par courriel un professeur canadien d’Histoire, Blake Seward, venu à La Boissière-École avec ses élèves en 2006 lors de la cérémonie d’inauguration de la stèle. Avec une ambition.
« La priorité est de restituer la montre à la famille de George Edwin Coldrey. Et potentiellement d’organiser une cérémonie officielle si la famille peut se déplacer. »
En 2006, Richard et Edwin, les neveux du pilote, avaient fait le déplacement jusque dans les Yvelines. Ils avaient alors de 50 ans. « Je pense que notre meilleure piste, c’est l’école, juge Fabrice Drouin. Il semble que ces montres étaient données aux pilotes par l’armée, mais nous n’en sommes pas certains. »
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Coldrey aurait-il perdu sa montre ?
Cette trouvaille vient questionner ce qui s’est passé les jours suivant le crash, mais aussi au moment du drame. Dans l’avion, trois membres d’équipage ont été retrouvés morts : Norman Johnston, en charge de la radio, Leslie McCrea et Joseph Renaud, mitrailleurs, tous inhumés au cimetière militaire de Saint-Désir (Calvados).
Le mécanicien David Austin Kelley est, lui, à proximité de la carlingue. John O’Neill, seul Anglais à bord, et George Court ont, eux, été épargnés par le sort et ont été faits prisonniers.
En revanche, aucune trace de George Edwin Coldrey. Le corps en décomposition du pilote ne sera retrouvé que dix-huit jours plus tard, à 200 mètres du point d’impact.
« En 1946, un envoyé de l’armée canadienne est venu constater ce qu’étaient devenus les aviateurs pour communiquer une information précise aux familles. »
L’émissaire a rencontré le maire d’Adainville, qui avait organisé les obsèques. « Il lui a indiqué que Coldrey n’avait plus sa montre ni son pistolet » quand sa dépouille a été retrouvée.
La montre a-t-elle été récupérée sur le corps ? S’est-elle perdue lors du crash ? Voilà un mystère qui a peu de chances de trouver une réponse un jour.
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