Avant d’accompagner Bellamy à Bruxelles et Strasbourg, Arnaud Poulain a travaillé pour Les Républicains à la région Île-de-France. Ancien directeur de cabinet d’Othman Nasrou – lui-même candidat dans la troisième circonscription des Yvelines – qui présidait le groupe LR au conseil régional, Arnaud Poulain avait commencé sa carrière politique auprès de Valérie Pécresse comme collaborateur parlementaire, après avoir été délégué national adjoint de l’UNI, le syndicat étudiant de droite. Il est conseiller municipal à Versailles depuis 2020, au sein de la majorité (divers droite) de François de Mazières.

Une circonscription de droite devenue macroniste

La première circonscription des Yvelines où il se présente couvre une large partie de la ville de Versailles, à l’exception de la partie sud, ainsi que les communes de Montigny-le-Bretonneux et Guyancourt. Le patron et suppléant du candidat déclaré y est arrivé en tête aux élections européennes : la liste de François-Xavier Bellamy a réuni 18,2 % des suffrages, devançant de peu celle de Valérie Hayer (18 %). Raphaël Glucksmann a obtenu 14,6 % des voix, proche de son score national, contrairement à Bardella, qui n’a réuni que 13,6 % des bulletins.

Le député sortant est Charles Rodwell, conseiller municipal de Versailles lui aussi et ancien adjoint au maire François de Mazières. Cet ancien collaborateur de Bruno Le Maire à Bercy avait obtenu 33,1 % des suffrages au premier tour lors des dernières législatives, sous la bannière « Ensemble » (majorité présidentielle). Opposé à un candidat Nupes au second tour, il l’avait emporté avec 63,3 % des voix.

Divisée, la droite n’avait qualifié aucun candidat au second tour dans cette circonscription : au premier tour, le candidat LR Olivier de la Faire avait obtenu 15,9 %, contre 7,3 % pour Anne Jacqmin, du Rassemblement national, et 12,5 % pour Laurence Trochu, du Mouvement conservateur allié à Reconquête – bannière sous laquelle elle vient d’être élue au Parlement européen, avant de soutenir Marion Maréchal dans sa tentative d’union des droites et d’être exclue comme elle du parti par son président Éric Zemmour.

Laver l’affront de la défaite de Bellamy en 2017

En 2017, François-Xavier Bellamy n’était pas suppléant, mais bien en tête d’affiche quand il s’était présenté aux législatives dans cette même circonscription, pour sa première élection nationale. Le maire François de Mazières, désireux de se consacrer à sa ville, avait décidé de passer la main après un seul mandat – son prédécesseur Étienne Pinte avait été député pendant 24 ans. Adjoint au maire depuis neuf ans, soutenu par Les Républicains et l’UDI, Bellamy avait essuyé une défaite douloureuse dans cette circonscription fortement ancrée à droite qui lui semblait promise. Dans la foulée de l’élection présidentielle, la vague macroniste avait eu raison de ses ambitions : Didier Baichère, candidat pour La République en marche, l’emportait au second tour avec 51,1 % des voix (827 voix d’écart).

Retourné à son métier de professeur de philosophie, François-Xavier Bellamy était sollicité deux ans pour plus tard pour prendre la tête de la liste des Républicains aux élections européennes. Il entrait pour de bon dans la vie politique nationale avec sa campagne et son élection comme député européen en 2019.

En se présentant à la députation, Arnaud Poulain a donc aussi la charge de laver l’affront. « Le seul candidat capable de faire gagner la droite », revendique son affiche de campagne, au-dessus d’un prudent logo des Républicains, de petite taille en bas de l’affiche. Des inconnues demeurent : qui affrontera-t-il ? Charles Rodwell, le député macroniste sortant, a annoncé être candidat à sa réélection. Sébastien Ramage, son adversaire (Nupes) du second tour il y a deux ans, rempile aussi, investi par le Nouveau Front populaire.

Désunion des droites ?

Gagnée par le macronisme depuis 2017, la circonscription pourrait retrouver son lit de droite, d’après les résultats des dernières européennes. Tout dépendra des forces en présence au premier tour : à ce jour, on ignore encore quels seront les autres candidats de droite en lice. Y aura-t-il un candidat RN-LR « ciottiste » ? Quid de Reconquête ou d’une autre liste conservatrice ?

La position du candidat Arnaud Poulain sur l’union des droites, alignée sur celle de son suppléant François-Xavier Bellamy, est délicate : jeudi dernier, le député européen a concédé sur Europe 1 qu’en cas de second tour RN-Nouveau Front populaire, il voterait « bien sûr » pour le Rassemblement national, pour faire barrage à la coalition des gauches. Avant de préciser quelques heures plus tard : « Ma position personnelle sur un second tour fictif n’est pas le sujet du moment. L’essentiel pour moi est ailleurs : soutenir partout dans le pays les candidats LR, qui sont les seuls capables d’apporter à la France l’alternative dont elle a tellement besoin. »

Dans son entretien au JDD paru ce dimanche, Éric Ciotti l’a ménagé, déclarant « tend[re] la main notamment à François-Xavier Bellamy et à David Lisnard, pour que nous puissions proposer une offre politique claire et forte pour les élections législatives. » Le président contesté de LR, toujours en place après la suspension de son exclusion, jugée en référé vendredi, estime qu’ils pourraient se retrouver : « François-Xavier Bellamy a mené une excellente campagne européenne et a, tout comme moi, pris conscience des obstacles qui entravaient notre parti. Je suis convaincu que nos chemins se croiseront à nouveau très prochainement. »

Fidèle homme de l’ombre, Arnaud Poulain entre donc dans la lumière ; compte tenu du poids politique et symbolique de cette candidature en duo, cette élection sera particulièrement scrutée. Pour François-Xavier Bellamy, l’attelage constitué est aussi une perspective de peser dans la future Assemblée, avec un homme de confiance capable d’incarner sa ligne… Voire plus ? La question n’est pas là pour le moment. Elle se posera si Arnaud Poulain parvient à l’emporter, et rien n’est gagné.