« Ils appellent ça un grand canidé. On va dire les choses autrement. C’est un loup. » Depuis plus de deux mois maintenant, le petit monde de la forêt de Rambouillet (Yvelines) est en ébullition. Début mars, un jeune homme a découvert la dépouille d’une bête.

Une queue et un pelage typiques. Et surtout des pattes larges et musclées. L’animal pourrait être un gros chien mais son poids, entre 50 et 60 kg, comme la taille de ses crocs, presque 5 centimètres, interpellent… Et cela interpelle tellement qu’une enquête a été ordonnée. Depuis une propriété du petit village de La Celle-les-Bordes, le cadavre a été pris en charge par l’Office français de la biodiversité (OFB). Une autopsie doit être réalisée, avec test ADN, pour affirmer officiellement s’il s’agit d’un loup. Ou pas.

À cette heure, le dossier est toujours ouvert sous les ors du parquet de Versailles. Car l’expert qui doit réaliser l’analyse n’a pas encore eu le temps… de la faire. Côté justice, l’enjeu n’est pas spécialement de savoir s’il s’agit d’un loup. La nature de l’espèce n’est importante que s’il a été tué par la main de l’homme. Car dans ce cadre, il s’agirait de la destruction illégale d’une espèce protégée. Et il faudrait retrouver le coupable.

Pour l’heure, la piste d’un tir à balle semble presque totalement écartée. Le trou présent dans le flanc pourrait être l’œuvre d’un cervidé qui a cherché à se défendre.

« Il y a eu des signes annonciateurs »

Sur le terrain, ce qu’est la bête ne fait pas de doute ; surtout à la lumière des photographies confiées à 78actu. Personne ne voulait les rendre publiques. « Quand je vois les crocs, les énormes pattes, la masse de l’animal… Ça va être difficile de dire que c’est autre chose qu’un loup », témoigne notre informateur. Dans le secteur, il y a plein de gars qui l’ont vu sur leurs caméras cachées dans la forêt. Il est là. C’est tout. »

Selon lui, d’autres signes ont été annonciateurs de son arrivée.

« Je me balade beaucoup dans la forêt. D’habitude, à cette période, je rencontre beaucoup d’animaux. Là, clairement, je n’en voyais presque plus. Normal, un super prédateur était là. Après la découverte, j’ai constaté en toute honnêteté qu’ils étaient revenus là où je les observais avant. »

Des enjeux importants

Selon lui, si les autorités traînent des pieds pour le dire, c’est parce que les enjeux sont importants. Financiers d’abord puisqu’il faudra mettre en place des procédures spécifiques avec des moyens humains dédiés. Il y a aussi la question des attaques sur les troupeaux. Dans le sud des Yvelines, on parle déjà de plusieurs veaux morts, voici quelques mois et non loin de là. Et il y a aussi la peur.

Selon l’ONF (Office nationale des forêts), la forêt domaniale de Rambouillet est la deuxième plus fréquentée d’Île-de-France. Chaque année, ce sont plus de 10 millions de visites qui sont comptabilisées dans les allées et les sous-bois. « Dire qu’il y a un ou des loups peut inquiéter et rebuter des promeneurs » assure notre interlocuteur. Pour certains, il ne serait pas contre.

« Si un loup est venu, d’autres viendront »

« Si on atteste que le loup est bien là, ceux que j’appelle des naturalistes, des écolos, ou encore les photographes vont tous chercher à le traquer, sans aucun respect des animaux, des zones de quiétude ou de reproduction. Bref, de la nature. En gros, on va avoir ceux qui vont être pétochés d’un côté, ceux qui vont le pourchasser de l’autre et ceux qui vont en faire un sujet politique en disant : le loup est là, plus besoin de chasseurs. »

Paradoxalement, notre interlocuteur n’attend qu’une chose : « L’OFB doit parler. Il doit tenir la population au courant, ne serait-ce pour que l’on soit vigilant. Car si un loup est venu, d’autres viendront. L’animal est opportuniste. Ici, il est au calme et il a de quoi se nourrir. Quelle est la bonne solution ? Je ne sais pas. On va commencer par dire la vérité et la réalité des choses. »

Pour le moment, le seul loup officialisé dans le département est celui photographié à Blaru, le 11 novembre 2021.

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