Le réalisateur Emmanuel Mouret sait choisir des lieux propices à l’épanouissement de ses dialogues. Comme dans cette liaison où deux amants s’épanchent entre Paris et les Yvelines. À (re)voir mercredi 13 novembre sur Arte.
“Nous devions pouvoir tourner deux très longues séquences, avec beaucoup de dialogues. Nous avions donc besoin d’espace, pour permettre le mouvement des corps.” (Emmanuel Mouret, à propos de “Chronique d’une liaison passagère”.) Photo Pascal Chantier – Moby Dick Films
Publié le 13 novembre 2024 à 17h39
Plan large sur un couple marchant dans la nuit. Les (futurs) amants, Simon et Charlotte (Vincent Macaigne et Sandrine Kiberlain), longent un mur de briques. S’agit-il d’un hôpital ? d’une abbaye ? Les Parisiens familiers du 14e arrondissement connaissent cette bâtisse : le couvent Saint-François de Paris, rue Marie-Rose, appartenant à des franciscains.
Emmanuel Mouret, réalisateur de Chronique d’une liaison passagère, a vu dans cette enceinte de pierre rose « quelque chose d’assez graphique » et de suffisamment beau pour la laisser engloutir l’écran, et frapper la rétine du spectateur. « J’ai toujours en tête les films de Woody Allen, et ce mur fait écho à une architecture que l’on pourrait retrouver à New York. »
Lire notre critique
“Chronique d’une liaison passagère”, ce soir sur Arte : digne d’un Woody Allen grand cru
Un choix sous forme de clin d’œil cinéphile fait main dans la main avec sa fidèle équipe, Laurent Desmet à la photo et David Faivre pour les décors. Comment décide-t-on de tourner à tel endroit plutôt qu’à tel autre ? C’est la question que l’on a posée à Emmanuel Mouret dans un café du 12e arrondissement cette fois, où le cinéaste rappelle l’enjeu principal inhérent à ce type de films intimistes : « On essaie de les tourner sur un nombre de jours restreints, et de rassembler un maximum de décors dans un périmètre assez resserré. »
Grand admirateur du cinéma d’Éric Rohmer, Emmanuel Mouret rappelle que Le Genou de Claire ou Pauline à la plage ont été réalisés dans une très petite économie. « Je ne suis pas certain que Rohmer ait jamais loué de lieu pour ses tournages. Il faisait toujours avec les maisons qu’on lui proposait. Et ce qui me plaît au cinéma, c’est de jouer avec les contraintes, ne pas les subir. Pour, au contraire, rebondir dessus. C’est aussi le hasard qui fabrique le film. »

Charlotte, Simon et Louise dans “Chronique d’une liaison passagère” (Sandrine Kiberlain,
Vincent Macaigne et Georgia Scalliet). Pascal Chantier – Moby Dick Films
Le hasard, toujours lui, a par exemple fait évoluer le statut social de Louise, incarnée par Georgia Scalliet dans Chronique d’une liaison passagère, avec qui Simon et Charlotte comptent passer la nuit. Elle vit dans une sublime demeure au cœur de la forêt, qu’elle n’aurait jamais pu acheter avec son simple salaire de professeure… Malice du scénario, on lui a donc adjoint un mari architecte qui n’était pas prévu au départ.
En réalité, ce décor est celui de la maison Louis Carré, conçue par l’architecte finlandais Alvar Aalto, dans les Yvelines. « Trouver cet endroit a été très long. Dans un souci de variété de lieux, Louise devait habiter en banlieue. Et chez elle, nous devions pouvoir tourner deux très longues séquences, avec beaucoup de dialogues. Nous avions donc besoin d’espace, pour permettre le mouvement des corps. »
À lire aussi :
Le cinéaste des sentiments Emmanuel Mouret raconté par sa tribu
Outre les contraintes économiques, trouver le maximum de décors dans un espace restreint et éviter une trop coûteuse logistique, le choix de la ville dans laquelle est inscrit le récit peut être fondamental. « Pour citer Rohmer encore, la problématique de Paris et sa banlieue est très importante dans Les Nuits de la pleine lune. Dans la plupart de ses films d’ailleurs, les enjeux sentimentaux sont souvent liés aux enjeux géographiques. Dans le cas de Chronique d’une liaison passagère, l’une des choses dont j’étais certain, c’est que je ne voulais pas tourner dans une ville du Sud. »
Emmanuel Mouret, cinéaste marseillais, a en effet déjà ancré plusieurs de ses films dans sa ville natale. Il poursuit : « Je trouvais plus beau que cette histoire ne baigne pas dans une lumière dorée avec la mer et les plages autour. Mais dans un écrin complètement urbain et plutôt gris, même si ça ne veut pas dire que le résultat est gris ! » Son prochain film devrait être tourné à Clermont-Ferrand, ville inscrite dans une région volcanique. Reflétant à n’en pas douter les tourments des personnages…
r Chronique d’une liaison passagère, d’Emmanuel Mouret, sur Arte, mercredi 13 novembre à 20h55.
Ce site vous produit ce texte au sujet du sud du département des Yvelines. Le but de voirenimages.net étant de rassembler en ligne des données sur le sujet de puis les diffuser en essayant de répondre du mieux possible aux interrogations que tout le monde se pose. Cet article se veut reconstitué de la façon la plus correcte que possible. Si jamais vous projetez d’apporter quelques précisions autour du territoire du Sud des Yvelines, vous avez la possibilité de d’échanger avec notre rédaction. Dans les prochaines heures on rendra accessibles à tout le monde d’autres annonces autour du sud des Yvelines. Alors, consultez régulièrement notre blog.